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Le 22 octobre 1964, un événement majeur a marqué le monde littéraire : Jean-Paul Sartre annonce qu’il refuse le prix Nobel de littérature. Cette décision n’était pas simplement un coup médiatique ou le caprice d’un écrivain à la mode, mais révélait des convictions profondes et une réflexion critique sur le rôle de la littérature dans la société.
Dans une époque où la reconnaissance institutionnelle, telle que le prix Nobel, est souvent perçue comme un summum de la réussite littéraire, le refus de Sartre s’inscrit dans une démarche philosophique. Le philosophe et écrivain, promouvant une vision de la liberté et de l’engagement, se positionne contre ce qu’il considère comme un système élitiste. Il déclare au micro de Jacques Chancel sur France Inter que la valorisation de l’écrivain ne devrait pas venir d’un comité de « messieurs âgés » mais plutôt des lecteurs eux-mêmes. Cette assertion fait écho à ses idées existentialistes qui valorisent l’individu et son libre arbitre.
Au moment où Sartre refuse le Nobel, il est à l’apogée de sa carrière intellectuelle. Son livre Les Mots, récit autobiographique, a récemment été publié et a rencontré un franc succès. Dans ce contexte, Sartre est non seulement un écrivain respecté mais aussi un intellectuel engagé, impliqué dans les luttes politiques de son temps, notamment la critique du colonialisme et le soutien aux mouvements communistes.
Sartre pense que le prix Nobel pourrait le contraindre à une conformité et à un isolement qui iraient à l’encontre de sa vision d’un écrivain libre, désireux de rester accessible au peuple. Cette position illustre une tension entre l’art et le pouvoir, le succès commercial et l’engagement politique. En refusant ce prix, Sartre souligne sa volonté de rester en dehors des institutions qui, selon lui, risquent d’entraver la liberté d’expression et de pensée.
Le refus du prix Nobel peut également être perçu comme un acte de défiance face à la culture bourgeoise qu’il critiquait. Dans le contexte de la guerre froide et des luttes sociales, Sartre met en avant une éthique de l’écrivain qui ne doit pas se compromettre avec une reconnaissance qui pourrait aliéner son engagement. Cela soulève la question de la responsabilité sociale de l’écrivain et du rôle que la littérature doit jouer dans un monde en évolution.
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