Hans Jonas : la science, une menace ?

Hans Jonas, philosophe germano-américain, a développé une pensée critique sur la technoscience, en particulier à travers son ouvrage « Le Principe responsabilité ». Jonas soutient que la technoscience, initialement perçue comme une promesse de progrès et d’amélioration de la condition humaine, a progressivement révélé des aspects menaçants pour l’humanité et la planète.

À l’origine, la technoscience (combinaison de technologie et de science) était vue comme un moteur de progrès. Elle promettait des avancées significatives dans divers domaines : médecine, communication, transport, et plus encore. Ces progrès étaient censés améliorer la qualité de vie, prolonger l’espérance de vie, et rendre le monde plus sûr et plus confortable. Cette vision optimiste était dominante durant une grande partie du XXe siècle, notamment après les révolutions industrielles et les succès scientifiques majeurs.

L’Inversion en Menaces

Jonas soutient que cette promesse s’est inversée en menaces en raison de plusieurs facteurs :

Impact Environnemental

La technoscience a conduit à une exploitation excessive des ressources naturelles, causant des dommages environnementaux considérables. La pollution, la déforestation, et le changement climatique sont quelques exemples des conséquences néfastes de cette exploitation.

Éthique et Responsabilité

La rapidité des avancées technoscientifiques dépasse souvent notre capacité à en comprendre et à en gérer les implications éthiques. Les innovations comme le génie génétique, l’intelligence artificielle et la nanotechnologie soulèvent des questions sur les limites de l’intervention humaine et les risques associés.

Pouvoir et Contrôle

La concentration de la connaissance technoscientifique dans les mains de quelques acteurs (gouvernements, grandes entreprises) pose des risques de contrôle et de manipulation. Cela peut mener à des inégalités accrues et à une perte de liberté pour les individus.

Risque d’Autodestruction

Les technologies militaires avancées, y compris les armes nucléaires et biologiques, représentent une menace existentielle. Le potentiel de destruction massive et rapide est une réalité inquiétante de notre époque.

Le Principe de Responsabilité

Face à ces menaces, Jonas propose un nouveau paradigme éthique centré sur la responsabilité. Il insiste sur la nécessité d’une éthique prospective, qui prend en compte les impacts à long terme des actions technoscientifiques sur l’environnement et les générations futures. Ce principe de responsabilité impose une prudence accrue et une évaluation rigoureuse des risques avant l’adoption de nouvelles technologies.

MAGNAWOE koudjo