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Professeur de philosophie au lycée et acteur reconnu de la chaîne du livre au Togo, Mawuli FOGAN tire la sonnette d’alarme sur un phénomène de plus en plus visible : le progrès technologique et scientifique dépasse désormais la capacité de l’homme à en saisir le sens et à en maîtriser les conséquences. Dans une analyse lucide intitulée « Un monde en avance sur l’homme », l’enseignant et spécialiste en bibliothéconomie plaide pour une renaissance de la conscience critique et de la responsabilité morale à l’ère du numérique.
Selon M. FOGAN, l’humanité vit une révolution sans précédent : intelligence artificielle, robotisation, digitalisation des rapports humains… Ces avancées bouleversent nos façons de vivre, d’apprendre et de communiquer. Mais le progrès matériel, prévient-il, n’a pas été accompagné d’un progrès moral équivalent.
« Les jeunes manient les outils du XXIᵉ siècle avec des repères moraux du passé », déplore le philosophe.
Pris dans la frénésie du virtuel, beaucoup d’entre eux utilisent des technologies qu’ils ne comprennent pas, imitent des modèles sans les interroger, et finissent par vivre dans un monde qui va plus vite que leur conscience.
La crise de la conscience et de la responsabilité
Pour l’auteur, la crise actuelle n’est pas seulement technologique : elle est avant tout spirituelle et éducative. « Autrefois, devenir adulte signifiait comprendre le monde pour y trouver sa place », écrit-il. Aujourd’hui, cette quête est remplacée par une course à la visibilité et au plaisir immédiat.
Citant le philosophe Alain – « Penser, c’est dire non » – M. FOGAN regrette que beaucoup de jeunes aient perdu la capacité de résister à la facilité et à la médiocrité.
« On ne domine pas un monde qu’on ne pense pas », insiste-t-il.
L’école en retard sur son époque
Le regard du philosophe se tourne également vers l’éducation, qu’il juge déconnectée des réalités. L’école, selon lui, produit trop souvent des « diplômés sans esprit critique » et des « techniciens sans vision ».
Les adultes — dirigeants, enseignants, parents — ne sont pas épargnés. En privilégiant la réussite matérielle au détriment de la vertu, ils offrent à la jeunesse des modèles superficiels.
« Le jeune d’aujourd’hui imite ce qu’il voit : l’argent facile, la ruse, la superficialité », écrit-il avec gravité.
Penser pour transformer le monde
Pour autant, Mawuli FOGAN ne cède pas au pessimisme. Il appelle à une reconquête du monde par la pensée.
« Si le monde dépasse les jeunes, c’est qu’il leur lance un défi : celui de le comprendre pour mieux le transformer. »
La philosophie, selon lui, n’est pas un luxe, mais une nécessité vitale pour replacer l’humain au cœur du progrès. La réflexion, la lecture et la créativité deviennent alors les vraies armes de la jeunesse pour reprendre le contrôle de son destin.
Un appel à la lucidité
En conclusion, l’auteur invite les jeunes à cesser de subir la modernité et à commencer à la comprendre.
« Le monde dépasse les jeunes, oui, mais seulement tant qu’ils dorment. Dès qu’ils se réveillent, c’est le monde qui les suit. »
Un message fort, profondément humaniste, qui résonne comme une exhortation à penser avant d’agir, à réfléchir avant d’imiter, et à replacer la conscience au centre du progrès.