Le virus de la « liquidation politique » contamine la démocratie africaine

Sénégal, Côte d’Ivoire, Bénin, Cameroun, Tanzanie… rien ne semble plus arrêter la propagation d’un nouveau mal qui ronge la démocratie sur le continent africain : la liquidation politique des opposants par la justice, avant même toute compétition électorale.

Un virus parti de la Côte d’Ivoire
C’est à Abidjan que le mal aurait trouvé son origine. En 2020, Alassane Ouattara, alors affaibli politiquement, écarte de la course ses principaux adversaires par des artifices judiciaires grossiers. Face à un paysage politique ainsi vidé, il remporte sans peine le scrutin. Cinq ans plus tard, en 2025, le scénario se répète : Gbagbo, Soro et Thiam sont tour à tour neutralisés, ouvrant un boulevard au « brave tchê ».

Un effet domino sous-régional
L’exemple ivoirien fait école. Au Sénégal, Macky Sall adopte la même recette face au populaire Ousmane Sonko, fondateur du PASTEF. La machine judiciaire s’emballe et Sonko est écarté du jeu électoral. Au Cameroun, Maurice Kamto subit le même sort sous le règne interminable de Paul Biya. Au Bénin, Patrice Talon prive de candidature son principal opposant, Me Renaud Agbodjo.

La Tanzanie, version féminine du virus
Plus au sud, la Tanzanie n’est pas épargnée. La présidente Samia Suluhu Hassan, 65 ans, s’est assurée une réélection sans rival en neutralisant tous ses adversaires. Tundu Lissu, figure majeure de l’opposition, a été exclu puis poursuivi pour trahison, tandis que Luhaga Mpina a été éliminé pour de simples raisons administratives.

Une démocratie vidée de sa substance
Ainsi, d’élections en élections, les urnes africaines se vident de leur sens. Partout, la justice devient un instrument politique, au service d’un pouvoir obsédé par sa propre survie. Et comme le dit l’adage : « À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. » Mais la gloire, hélas, n’est plus la quête de ces dirigeants ; seul compte désormais le maintien du trône, à tout prix.