Burkina Faso : Ouagadougou dénonce « le chantage » des USA et refuse de céder

La tension monte entre Ouagadougou et Washington. Le gouvernement burkinabè a vivement réagi, jeudi, à la décision des États-Unis de suspendre temporairement la délivrance des visas touristiques et étudiants au Burkina Faso. Dans un communiqué officiel, le ministre des Affaires étrangères, Karamogo Jean Marie Traoré, a qualifié cette décision « d’acte de chantage diplomatique », estimant qu’elle fait suite au refus répété du Burkina Faso d’accepter sur son sol des migrants expulsés des États-Unis.

Selon le chef de la diplomatie burkinabè, la mesure américaine a été annoncée quelques heures après une nouvelle tentative de Washington d’obtenir de Ouagadougou l’autorisation d’y déporter plusieurs ressortissants jugés en situation irrégulière. « La dernière demande en ce sens a été formulée le mercredi 8 octobre, soit la veille de la suspension des visas », a précisé M. Traoré.

L’ambassade des États-Unis à Ouagadougou a, de son côté, indiqué que les demandeurs burkinabè devront désormais se rendre au Togo pour obtenir leurs visas, sans en préciser la durée ou la portée exacte de la mesure.

Karamogo Jean Marie Traoré s’est dit « surpris » par la décision, rappelant que le Burkina Faso défend une politique d’ouverture et de coopération, mais « ne saurait être un pays de déportation ». « Le Burkina Faso est une terre d’accueil et d’hospitalité, non un point de chute forcé pour des migrants », a-t-il martelé.

Le ministre a également laissé entendre que la suspension américaine pourrait être une réaction à la politique de gratuité des visas instaurée récemment par le président Ibrahim Traoré au profit des citoyens africains. « Cette mesure concerne ceux qui choisissent de venir librement chez nous, pas ceux qu’on souhaite y contraindre », a-t-il souligné.

Le gouvernement burkinabè a annoncé qu’il appliquera le principe de réciprocité diplomatique, tout en réaffirmant sa volonté de préserver « l’amitié, la fraternité et la solidarité » entre les deux nations.