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Le gouvernement togolais a lancé une vaste opération de reconquête des réserves administratives illégalement occupées dans le Grand Lomé. L’objectif affiché : reprendre le contrôle du domaine public, assainir la gestion foncière et mettre fin aux occupations anarchiques. Mais une descente récente sur le site de l’École Supérieure des Affaires (ESA) à Agoè a ravivé la polémique et suscité de nombreuses interrogations sur la légalité de son implantation.
Depuis plusieurs mois, les services techniques du ministère de l’Urbanisme et de la Réforme foncière multiplient les actions de terrain. À Agoè-Nyivé comme dans d’autres préfectures du Grand Lomé, des panneaux géants d’identification sont installés sur les terrains appartenant à l’État, dans le cadre d’un inventaire national des réserves administratives.
Cette démarche, entamée il y a un an, est entrée dans sa phase décisive. Le gouvernement a accordé un ultime délai aux occupants pour libérer les sites concernés. Au-delà de cette échéance, des opérations de déguerpissement seront menées. L’État affiche ainsi sa volonté de restaurer la légalité foncière et d’assurer une urbanisation mieux planifiée.
ESA d’Agoè : un bras de fer inattendu
Le lundi 26 octobre dernier, la tension est montée d’un cran à Agoè. Une équipe mandatée pour implanter un panneau d’identification sur le site de l’École Supérieure des Affaires (ESA) a été confrontée à une vive opposition.
Le promoteur de l’établissement, Dr Charles Birregah, soutenu par plusieurs étudiants, a empêché les agents d’accomplir leur mission, estimant que le terrain ne relève pas du domaine public.
Selon des témoins, l’intervention a viré à l’échauffourée, opposant les agents de l’État à la direction de l’école. Chacun campe sur sa position, alimentant un flou juridique autour du statut réel du terrain.
La question reste entière : le site de l’ESA appartient-il effectivement à l’État, ou a-t-il été acquis légalement par l’institution ?
Un site à forte valeur symbolique
Le terrain abritant aujourd’hui l’ESA n’est pas sans histoire. De nombreux habitants se souviennent qu’il s’agissait autrefois du « terrain OMEGA », un espace sportif communautaire emblématique d’Agoè.
Lieu de rencontre et d’épanouissement pour la jeunesse, il a longtemps servi à l’organisation de tournois et d’activités sociales. Sa disparition au profit d’un établissement d’enseignement supérieur a laissé un sentiment de perte et d’incompréhension au sein de la population locale.
Certains riverains demandent d’ailleurs que toute la lumière soit faite sur les conditions dans lesquelles ce site public a changé de vocation.
Un enjeu foncier national
Le cas de l’ESA illustre les défis majeurs de la gouvernance foncière au Togo. Pendant des années, le manque de planification et les cessions opaques ont favorisé les occupations illégales de terrains appartenant à l’État.
Aujourd’hui, les autorités veulent inverser la tendance, mais la démarche se heurte souvent à des résistances sociales et juridiques, comme celle observée à Agoè.
Les experts appellent à une approche équilibrée : si la loi doit être respectée, le dialogue et la transparence doivent accompagner les opérations d’assainissement, pour éviter les tensions et préserver la paix sociale.
Une clarification attendue
Dans ce dossier, la balle est désormais dans le camp des autorités. Une enquête administrative et foncière approfondie s’impose pour déterminer la régularité de l’implantation de l’ESA.
Les documents officiels – actes de cession, certificats d’occupation, autorisations de construction – devront être examinés avec rigueur.
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