Kenya : fin de combat politique pour Raila Odinga

Le Kenya pleure l’un de ses plus illustres fils. Raila Amollo Odinga, figure majeure de la scène politique kényane et symbole de la lutte pour la démocratie, est décédé cette semaine en Inde, à l’âge de 80 ans, des suites d’un malaise survenu lors d’un séjour médical.

Né le 7 janvier 1945 à Maseno, dans l’ouest du Kenya, Raila Odinga aura consacré plus d’un demi-siècle à la vie publique, marquant de son empreinte l’histoire politique de son pays. Fils du légendaire Oginga Odinga, premier vice-président du Kenya indépendant, il a hérité d’un profond sens du combat pour la justice sociale, la liberté et la transparence.

Une vie de luttes et de convictions

Ingénieur de formation, Raila Odinga entre très tôt en politique sous le régime de Daniel Arap Moi. Opposant farouche à la dictature du parti unique, il fut emprisonné à plusieurs reprises dans les années 1980 pour ses positions démocratiques. Ces épreuves n’ont pas entamé sa détermination. Au contraire, elles ont forgé sa réputation d’homme de principe et de résistant infatigable.

Chef du parti Orange Democratic Movement (ODM), Raila Odinga aura été candidat à la présidence du Kenya à cinq reprises — en 1997, 2007, 2013, 2017 et 2022 — sans jamais accéder au pouvoir suprême. Ses défaites, souvent entachées de controverses électorales, ont été suivies de contestations et de négociations qui ont profondément marqué la trajectoire politique du pays.

Artisan du dialogue national

Malgré les rivalités, Raila Odinga restera dans les mémoires comme un homme de compromis. Après les violences postélectorales de 2007-2008, il avait accepté de devenir Premier ministre dans un gouvernement d’union nationale, aux côtés du président Mwai Kibaki. Plus récemment, en 2018, il surprenait le monde en scellant la fameuse « poignée de main » avec Uhuru Kenyatta, symbole de réconciliation et de stabilité nationale.

Un héritage panafricain

Au-delà des frontières kényanes, Raila Odinga incarnait une voix forte du panafricanisme moderne. Défenseur acharné de la démocratie, critique des ingérences étrangères et partisan d’une Afrique unie, il inspirait respect et admiration sur tout le continent.

Son décès laisse un grand vide dans la vie politique du Kenya et de l’Afrique. De nombreux dirigeants africains ont d’ores et déjà rendu hommage à un « patriote courageux », un « bâtisseur de paix » et un « homme de convictions inébranlables ».