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Le Conseil des ministres du Mali a adopté ce mercredi un projet de loi qui marque un tournant décisif dans la vie politique du pays. Le texte, approuvé sous la direction du président de transition, le général Assimi Goïta, prévoit l’octroi d’un mandat de cinq ans renouvelable au chef de l’État, sans passer par les urnes.
Cette mesure, si elle est validée par le Conseil national de transition (CNT), viendra formaliser la prolongation du pouvoir du général Goïta, arrivé à la tête du pays à la suite des coups d’État successifs de 2020 et 2021. Pourtant, ce dernier s’était engagé à rétablir un régime civil et à organiser des élections au plus tard en mars 2024.
Un virage inquiétant
Le projet de loi mentionne que le président de la transition « bénéficie d’un mandat de cinq ans renouvelable à partir de 2025 ». Cette décision, prise sans consultation populaire, soulève de vives inquiétudes sur l’avenir démocratique du Mali, en proie à une instabilité politique et sécuritaire persistante.
Le CNT, instance législative mise en place par la junte, doit désormais se prononcer sur ce texte. Son approbation semble probable, compte tenu de sa proximité avec le pouvoir exécutif.
Une concertation nationale contestée
Cette orientation politique s’appuie sur les conclusions d’une concertation nationale organisée en début d’année. L’événement, largement boycotté par les partis politiques et acteurs de la société civile, a recommandé d’attribuer à Goïta un mandat renouvelable de cinq ans, sans recourir au vote populaire. La même consultation a suggéré la suspension de toute démarche électorale jusqu’à ce que le pays soit « pacifié ».
Les critiques dénoncent un processus biaisé, mené sans véritable pluralisme, et accusent la junte de vouloir institutionnaliser sa mainmise sur le pouvoir. « Il ne s’agit plus de transition, mais d’une confiscation pure et simple de la souveraineté populaire », a réagi un responsable d’un parti d’opposition sous couvert d’anonymat.
Des réactions attendues
Sur le plan international, cette nouvelle décision pourrait aggraver l’isolement du Mali, déjà sous sanctions économiques et diplomatiques depuis plusieurs mois. Des voix s’élèvent également au sein de la CEDEAO et de l’Union africaine pour appeler au respect des engagements de retour à l’ordre constitutionnel.
Dans un contexte de crise sécuritaire aiguë, notamment dans le nord et le centre du pays, la concentration des pouvoirs entre les mains d’un seul homme inquiète. Le Mali, théâtre de violences djihadistes et communautaires depuis plus d’une décennie, pourrait voir ses espoirs de stabilité démocratique s’éloigner un peu plus.