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Le nom du général Abass Dembélé, jusque-là associé à une brillante carrière militaire et à une gouvernance saluée dans la région de Mopti, se retrouve désormais au cœur d’une affaire d’État. Radié de l’armée au printemps dernier, il a été arrêté cette semaine au Camp Soundiata Keita, en compagnie de plusieurs officiers supérieurs, accusés d’avoir fomenté une tentative de coup d’État contre la junte au pouvoir.
Issu d’une famille profondément enracinée dans la tradition militaire, Abass Dembélé a bénéficié d’une formation prestigieuse, tant au Mali qu’à l’étranger. Diplômé de stages en France et aux États-Unis, notamment dans la lutte contre le terrorisme, il a rapidement gravi les échelons au sein des Forces armées maliennes (FAMa).
Chef du 61e régiment d’infanterie de Sévaré, commandant de la région militaire de Tombouctou, puis directeur de l’École d’État-Major Nationale de Koulikoro, le général s’est imposé comme une figure respectée de la hiérarchie militaire.
Gouverneur de Mopti, entre rigueur et dialogue
En décembre 2020, Abass Dembélé est nommé gouverneur de Mopti, dans un contexte marqué par une insécurité persistante due aux violences djihadistes et intercommunautaires. Connu pour son approche mêlant fermeté militaire et dialogue avec les communautés locales, il avait acquis une popularité certaine auprès des civils comme des soldats. Son mandat était perçu comme une tentative de concilier stabilité sécuritaire et ouverture politique.
Une disgrâce soudaine
Mais le parcours du général prend un virage brutal en mai 2025. Radié par les autorités de transition dirigées par le colonel Assimi Goïta, il est accusé d’avoir toléré des manifestations contre les coupures d’électricité dans la région de Mopti. Officiellement sanctionné pour « faute grave », il est alors écarté de l’appareil sécuritaire et politique.
Cette radiation, interprétée par certains analystes comme une manœuvre visant à neutraliser une figure montante jugée trop indépendante, marque le début de sa marginalisation.
L’accusation de complot
Quelques mois plus tard, son nom réapparaît dans un dossier explosif. Selon des sources proches du CNSP (Comité national pour le salut du peuple), Abass Dembélé aurait été l’un des cerveaux présumés d’un complot visant à renverser la junte. Son arrestation, aux côtés d’autres hauts gradés, illustre les tensions et rivalités internes au sein de l’armée malienne.
Si le gouvernement de transition présente cette opération comme une « mesure de sauvegarde de la stabilité nationale », certains observateurs y voient le signe d’une inquiétude croissante des colonels au pouvoir face à une contestation latente, tant dans la société civile que dans les casernes.
Une affaire révélatrice des fractures internes
L’arrestation du général Dembélé soulève de nombreuses interrogations. Est-il réellement l’instigateur d’un coup d’État, ou bien la victime d’une purge destinée à éliminer les opposants au régime militaire ?
Quoi qu’il en soit, cette affaire révèle l’ampleur des fractures qui traversent aujourd’hui les forces armées maliennes : entre fidélité au CNSP et frustrations d’une partie des officiers, relégués ou marginalisés.
Dans un pays déjà fragilisé par l’insécurité, la crise économique et l’isolement diplomatique, le sort du général Abass Dembélé s’annonce comme un test majeur pour la crédibilité du pouvoir de Bamako.