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Namibie : la leçon d’indépendance qui divise l’Afrique

Au début de l’année, la Namibie a pris une décision que beaucoup qualifiaient de téméraire : imposer des exigences de visa à plusieurs pays de l’Union européenne. Dans les cercles économiques et politiques africains, certains prédisaient un effondrement du tourisme, un secteur clé pour cette nation d’Afrique australe. Mais les chiffres récents ont réduit ces prévisions à néant.

Selon les données officielles, rien qu’en juin 2025, Windhoek a engrangé 149 millions de dollars namibiens, soit environ 9 millions de dollars américains, uniquement grâce aux revenus liés aux visas. Une performance qui prouve non seulement la solidité du secteur touristique namibien, mais aussi la capacité du pays à transformer une mesure de souveraineté en opportunité économique.

Une ligne dure sur les ressources minières

Cette fermeté ne s’arrête pas aux frontières. Quelques mois après l’instauration des visas, le gouvernement namibien a annoncé une proposition tout aussi ambitieuse : exiger une participation locale de 51 % dans toutes les opérations minières. Dans un pays où les diamants, l’uranium et d’autres minerais stratégiques sont au cœur de l’économie, cette initiative vise à garantir que la richesse extraite profite avant tout aux Namibiens.

Pour la présidente namibienne, il ne s’agit pas seulement d’économie, mais de dignité nationale : « Nous ne pouvons pas continuer à exporter nos richesses sans en contrôler la destination ni la valeur ajoutée », a-t-il déclaré lors d’une conférence à Windhoek.

Des critiques venues du continent

Si cette posture a été saluée par certains comme un exemple de leadership africain, elle a aussi suscité des critiques… paradoxalement, venues de pays du continent. Certains observateurs et responsables politiques africains estiment que la Namibie prend des risques diplomatiques et économiques inutiles, qui pourraient isoler le pays sur la scène internationale.

Cette attitude a provoqué l’indignation du président burkinabè, Ibrahim Traoré, figure montante du panafricanisme. Dans un discours prononcé à Ouagadougou, il n’a pas mâché ses mots :

« Malheureusement, certaines voix africaines, plutôt que de soutenir ces efforts, sapent le progrès d’une nation africaine. C’est une trahison décourageante de la solidarité continentale. Si l’Afrique doit gagner, l’Afrique doit toujours soutenir ses compatriotes africains, indépendamment des lignes et des affiliations politiques. Gagner devrait être la priorité absolue. Réveillez-vous, l’Afrique ! »

Un test pour l’unité africaine

L’affaire dépasse la simple politique intérieure namibienne. Elle pose une question fondamentale : l’Afrique est-elle prête à défendre ses choix souverains face aux pressions extérieures, même si cela implique de froisser des partenaires traditionnels ?

Pour les partisans de Windhoek, le succès touristique malgré les restrictions de visas prouve que les pays africains peuvent fixer leurs propres règles sans craindre un effondrement économique. Pour les sceptiques, cette politique pourrait avoir un effet boomerang à long terme, notamment si les investisseurs étrangers réagissent par le désengagement.

Quoi qu’il en soit, la Namibie est aujourd’hui au centre d’un débat brûlant sur l’indépendance économique, la maîtrise des ressources et la solidarité entre États africains. Une discussion qui pourrait, si elle est menée avec lucidité et courage, redessiner les lignes du rapport de force mondial.

MAGNAWOE koudjo
MAGNAWOE koudjo

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