Niger : le français n’est plus la langue officielle

Le Niger vient d’opérer un changement linguistique majeur. Dans un geste hautement symbolique, le régime militaire en place a consacré le haoussa comme langue nationale unique, reléguant le français – jusqu’ici langue officielle du pays – au rang de langue de travail, aux côtés de l’anglais.

Jusqu’à présent, selon la Constitution du 25 novembre 2010, le français occupait la place de langue officielle, tandis que l’ensemble des langues autochtones étaient reconnues comme langues nationales. Ce paysage vient d’être redéfini avec l’adoption de la nouvelle charte de refondation, dont l’article 12 stipule désormais que « la langue officielle du pays est le haoussa », tandis que « les langues de travail sont l’anglais et le français ».

Ce choix n’est pas anodin. Le haoussa est l’une des langues les plus parlées au Niger et dans toute la région sahélienne, avec une forte empreinte culturelle, historique et commerciale. En l’érigeant en langue officielle et de l’administration, les autorités de Niamey affirment une volonté de se réapproprier leur souveraineté culturelle et identitaire, dans un contexte de rupture progressive avec la France.

La Charte redéfinit également le statut des autres langues du pays. Le zarma-songhay, le fulfuldé (peul), le kanouri, le gourmantché et l’arabe, entre autres, deviennent les langues parlées du Niger, confirmant ainsi leur reconnaissance, sans toutefois leur accorder un statut aussi central que celui du haoussa.

Ce virage linguistique marque une nouvelle ère pour le Niger. Il soulève toutefois des débats sur les enjeux de cohésion nationale, d’accès à l’éducation, et de communication institutionnelle dans un pays riche d’une grande diversité ethno-linguistique. Le choix du haoussa, bien que majoritaire dans certaines régions, pourrait soulever des inquiétudes dans d’autres communautés linguistiques.

Un changement qui, quoi qu’il en soit, reflète une transformation profonde de l’identité nationale et des priorités politiques du Niger contemporain.

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