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Il aurait eu 100 ans en 2025. Mais le destin de Patrice Émery Lumumba, figure emblématique de l’indépendance africaine, a été fauché trop tôt, laissant derrière lui un héritage aussi brûlant qu’inachevé.
Né en 1925 dans le petit village d’Onalua, au cœur de la province du Sankuru (ex-Katanga-Kombe), dans le Congo belge, Patrice Lumumba voit le jour dans une famille modeste d’agriculteurs analphabètes. Rien ne le prédestinait à devenir le symbole de la lutte anticoloniale sur le continent africain. Et pourtant, il gravira les échelons de la société coloniale avec détermination, devenant une figure charismatique, dotée d’une éloquence rare et d’une conscience politique aiguë.
Le porte-voix d’un peuple assoiffé de liberté
En 1960, alors que le Congo accède à l’indépendance, Lumumba devient le tout premier Premier ministre du jeune État congolais. Son discours du 30 juin, en réponse aux propos paternalistes du roi Baudouin de Belgique, marque les esprits. Tandis que le souverain belge célèbre l’œuvre soi-disant « civilisatrice » de Léopold II, Lumumba, avec un courage exceptionnel, rappelle la vérité historique :
« Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, parce que nous étions des nègres. »
Ce jour-là, selon l’universitaire belge Ludo De Witte, qui a longuement enquêté sur les circonstances de sa mort, Lumumba entre « définitivement dans l’Histoire », par la puissance de ses mots autant que par la clarté de sa vision : un Congo libre, souverain, affranchi de toute domination étrangère.
Une élimination orchestrée
Mais cette liberté qu’il incarne dérange. À peine quelques mois après son entrée en fonction, Lumumba est renversé, emprisonné, puis transféré au Katanga avec la complicité de la CIA, des autorités belges et de leaders congolais rivaux. Il y est assassiné le 17 janvier 1961. Son corps est dissous dans l’acide. Seule une dent, conservée par un officier belge, sera restituée à sa famille en 2022, dans une cérémonie mêlant douleur et dignité.
Un centenaire sous le signe de la mémoire et de la réhabilitation
En 2025, le centenaire de sa naissance offre l’occasion de raviver le souvenir d’un homme dont la pensée dépasse les frontières du Congo. Plusieurs initiatives mémorielles sont prévues : expositions, conférences, documentaires et cérémonies officielles. À Kinshasa comme à Bruxelles, Lumumba ressurgit dans les consciences comme un symbole universel de dignité, de justice et de souveraineté.
Car derrière le portrait figé du héros national, c’est une parole vivante qui continue d’interpeller :
« Le colonialisme est un système inhumain qui doit disparaître. »
Un combat toujours d’actualité
Si les chaînes du colonialisme classique sont brisées, les défis dénoncés par Lumumba – le néocolonialisme, les ingérences, la domination économique – restent criants. À travers le monde, de jeunes Africains et militants des droits humains redécouvrent ses textes, son parcours, sa vision d’un panafricanisme émancipateur.
Lumumba n’a pas eu 100 ans. Mais son combat, lui, reste vivant. Et dans chaque voix qui s’élève pour réclamer justice et souveraineté, résonne encore l’écho de sa parole libre.