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La religion, dans l’histoire des peuples, a souvent joué un rôle central : ciment culturel, fondement moral, moteur de solidarité. Mais pour que ce rôle soit bénéfique, elle doit être enracinée dans les valeurs, la langue, les traditions et l’imaginaire du peuple qui la pratique. Autrement dit, un Dieu conçu à l’image de son peuple devient un miroir positif, un repère identitaire.
Chez de nombreux peuples du monde, cette logique est respectée. L’Arabe imagine Dieu comme un Arabe, l’Occidental le représente avec ses traits, le Japonais le conçoit selon son esthétique. Cette projection n’est pas anodine : elle nourrit l’estime collective et le sentiment d’appartenance.
L’Afrique, cependant, se trouve piégée dans une contradiction profonde. Lorsque l’on demande à un Africain de représenter Dieu, il le fait souvent sous les traits d’un homme blanc ou arabe. Mais lorsqu’il s’agit du diable, d’un sorcier ou de Satan, l’image d’un Noir s’impose. Ce renversement symbolique est révélateur d’une crise psychologique collective : l’intériorisation d’une image négative de soi.
Cette perception dévalorisante se traduit au quotidien. Beaucoup de Noirs rejettent leurs cheveux naturels, leur langue, leurs prénoms ou leurs traditions. La religion africaine ancestrale est souvent perçue comme diabolique, car dans l’inconscient forgé par des siècles de colonisation, un Dieu noir ne peut être que maléfique. De là naît un autoracisme subtil mais tenace : si je ne m’aime pas, comment aimer ceux qui me ressemblent ?
Ce malaise identitaire n’est pas une fatalité individuelle mais le produit d’un long conditionnement : l’école coloniale, les médias, les films, les livres, les églises et mosquées importées. Tous ont façonné l’imaginaire collectif en opposant « blanc = bien » et « noir = mal ».
Briser ces chaînes mentales est l’un des défis majeurs de l’Afrique contemporaine. Restaurer l’estime de soi passe par une réhabilitation de la culture africaine, de ses symboles, de ses langues et de ses spiritualités. Aucune construction durable de solidarité, d’unité ou de développement n’est possible tant que les Africains associeront leur propre image à celle du mal.
L’Afrique ne pourra se bâtir qu’avec des Africains fiers d’eux-mêmes. La libération mentale est donc aussi cruciale que la libération politique ou économique.